Depuis la nuit des temps, la ville de Finisterre située à 80 km de Compostelle est considérée comme un lieu magique, que ce soit par les Celtes ou les Romains présents bien avant la (prétendue) découverte du tombeau de l’apôtre Jacques. C’est pour cette raison que certains pensent que le christianisme se serait approprié ce lieu de culte et que le Chemin de Compostelle ne serait qu’une version christianisée d’un itinéraire de pèlerinage bien plus ancien. Le Camino serait-il donc celte ? Voici 3 théories qui le revendiquent.

Le Camino de las Estrellas : le chemin des étoiles

Il existe une théorie qui dit que le Camino était à l’origine un rituel celtique, qui a été repris par les Romains et plus tard christianisé à nouveau. Dans cette optique, “campus stellae” – champ d’étoiles – est une référence à la Voie lactée. Les Celtes adoraient le dieu soleil Lugh. Ils ont appelé la Voie lactée la chaîne de Lugh.

La ville de Lugo, près de Santiago, a été nommée d’après ce dieu. Les Romains ont appelé la ville Lucus Augusti. C’est la seule ville au monde qui possède encore un mur d’enceinte romain de deux kilomètres de long. Les Romains parlaient de la via Láctea ; lac est le mot latin pour lait.

Et en effet, lorsque vous regardez la Voie lactée dans une nuit noire, vous voyez un champ d’étoiles. Ce rituel signifiait que les pèlerins marchaient sous la lumière de la Voie lactée jusqu’au bout du monde. Cette route – le Camino de las Estrellas, le chemin des étoiles – vers Finis Terrae suivait la même direction que la route vers la tombe de l’apôtre.

Ce lieu, Finisterre – en galicien Fisterra – est situé à 80 km à l’ouest de Saint-Jacques-de-Compostelle sur la côte atlantique. Pour certains, c’est encore la véritable fin du pèlerinage. Sur cet endroit rocheux, le pèlerin jette son bâton de marche dans la mer et brûle ses vêtements et ses chaussures. Aujourd’hui encore, certains pèlerins pratiquent ce rituel.

Le Camino de las Ocas y la Concha.

Il existe également une autre théorie qui fait référence à une route celtique. Le Camino de los Gansos Salvajes est également appelé Camino de las Ocas y la Concha. L’oie (oca) et la coquille (concha) sont les symboles de cette route qui menait à la côte ouest espagnole.

L’empreinte de l’oie ressemble au trépied de Poséidon, le dieu grec de la mer. Le coquillage est bien sûr un symbole de la mer.

Le hameau el Ganso et les Montes de Oca – les Monts des Oies- sont tous deux situés sur le Camino Francés. Une autre référence à l’oie se trouve à Logroño. L’église Iglesia de Santiago el Real se trouve sur une petite place. Sur la façade de cette église se trouve une grande statue de Santiago matamoros. Sur la place se trouve un tableau d’oie avec des dés. Les carrés du tableau de l’oie sont les endroits du camino. La boîte 6, par exemple, est Estella et le numéro 63 est Santiago de Compostela.

Le Camino Herakliano.

Une autre théorie fait un lien avec l’une des douze missions que le héros grec Héraclès (Hercule en latin) a dû accomplir sur ordre du roi Eurystheus.

Elle concernait le vol du bétail de Géryon. Pour ce faire, Hercule a dû aller au bout du monde. L’un des récits de cet acte héroïque situe la fin du monde près de l’actuelle Corogne, dans le nord-ouest de l’Espagne. On y trouve (donc ?) le plus ancien phare romain encore en activité au monde : la torre de Hércules. La route qui mène à cet endroit s’appelle le Camino Herakliano.

En bref, dans l’ancien monde des Celtes, des Grecs et des Romains, la fin du monde était un endroit spécial à visiter. Raison de plus pour y aller. Certains pèlerins qui se rendent à Santiago à pied ou à vélo, se rendent ensuite à Fisterra en Galice.

Le Cap Finisterre est également la fin (ou le point de départ) du Camino de los Faros, un itinéraire de 200 kilomètres qui relie sept phares entre Malpica et Cabo Finisterre sur la côte galicienne. Le chemin mène au Santuario de Nosa Señora da Barca, un sanctuaire marial près de Muxía, où la Vierge Marie a encouragé l’apôtre Jacques.